Baek Indiana - I'm the hot girl

Monsters are real, and ghosts are real too. They live inside us, and sometimes, they win

Il ne l’avait jamais détesté, sa mère. Parce que ce n’était pas de sa faute. Pas sa faut quand elle disparaissait plusieurs jours parce qu’elle ne prenait plus ses médicaments. Il était seul dans cet appartement miteux à essayer de ne pas crever de faim. Petit maigrichon, un père absent, bien plus accro au crack qu’à son gosse. Autonome, obstiné, Il avait appris à s’accrocher. C’était un gamin intelligent Indiana. Tous ses professeurs le confirmaient. Son Q.I était plus élevé que la moyenne, mais qui pouvaient bien le remarquer ? L’école, il aimait ça, apprendre, découvrir. Indiana avait beaucoup à offrir au monde et on ne lui laissait pas la chance de le prouver. Et il y avait eu son petit frère. Et tout avait changé. Qui était le père ? Il n’avait jamais su. Sa mère non plus. Quand elle était lucide, c’était une femme bien. Elle ne l’était pas souvent. Indiana était l’homme de la famille et il prenait son rôle un peu trop au sérieux. L’assistante sociale, il ne l’avait jamais vu, parce qu’elle ne mettait pas les pieds dans ce genre de quartier. Il n’y avait que lui pour protéger son frère. Et quand l’argent était venu à manquer, que les placards étaient vides. Il avait accepté de suivre ces types violents.

Entrer dans un gang dans un quartier mal famé, c’était tellement cliché. Surtout nécessaire pour manger. Il avait appris la violence, la brutalité, mais aussi la solidarité, la confiance. Ce n’était qu’une bande de chien enragés assoiffés de sang. Bien sûr que ces types se battaient, qu’ils vendaient de la drogue. Des meurtriers aussi. Mais ils étaient devenus sa famille. Et ils lui permettaient de nourrir son frère et c’était tout ce qui lui important. Il se mettait en danger, devenu accro à l’adrénaline, aux tatouages qui recouvraient sa peau. Il exposait son appartenance au gang avec fierté. Ce qu’il ne disait pas, en revanche, c’était qu’il étudiait, une fois rentré à la maison. L’école, il l’avait pourtant abandonné, mais sa soif d’apprendre était intarissable. Un besoin qu’il n’arrivait pas à assouvir et que personne ne pouvait comprendre. Il avait grandi comme ça. Jusqu’au jour où son frère avait voulu le suivre, tout quitter pour le rejoindre dans le gang. Et à cet instant, il avait compris qu’il fallait tout arrêter. Il ne voulait pas de ce genre d’avenir pour lui. Pas après tout ce qu’il avait fait pour le tenir à l’écart de toutes ses conneries.

Dans un élan de lucidité sa mère les avait envoyés en Corée, chez sa sœur. Plus saine, mais pas ravie de récupérer deux gosses. Pourtant, elle l’avait fait. Elle était dure et Indiana était retourné à l’école après un gros coup de pied au cul. Quant à son frère, il avait intérêt à filer droit. C’était bon d’être encadré, d’avoir des règles et des limites à respecter. Il s’en était sorti grâce à elle. Psychologue. Voilà ce qu’il était devenu. Il avait choisi la prison, parce qu’il connaissait bien le genre d’homme qu’i s’y trouvaient. Il gagnait bien sa vie. Partageait son appartement avec son frère pour veiller sur lui. Tout ce qu’il avait, il le devait à sa mère. Pourtant, il avait coupé les ponts, entièrement. Parce qu’elle était toxique. Son métier était plus dangereux qu’il ne le laissait paraître. Les criminels ne l’étaient pas, leur entourage si. Il avait failli mourir. Ce soir-là, lorsqu’elle l’avait poignardé. La petite amie de son patient. Complètement obsédée. Elle l’avait suivi durant des mois, lui téléphonait en pleine nuit. Il avait vécu un enfer. C’était ironique, alors qu’il n’avait jamais été blessé quand il faisait partie du gang. Maintenant, il fallait avancer.