Lee Cassandre - This is my fight song

Cassandre. Heureux et joyeux Cassandre. Un gamin plein de vie, d’envies et de rêves. Un gamin gentil, poli, et populaire. Ses plus gros soucis étaient de savoir avec qui il allait partager son goûter ou  qui lui donnerait un chocolat. Il aimait manger. Ce n’était pas un garçon difficile, il était avide d’apprendre, toujours curieux, parfois même un peu trop. Ses notes étaient bonnes, il était invité aux fêtes d’anniversaire, mais c’était comme si quelque chose lui manquait. Il n’avait jamais su ce que c’était jusqu’à ce que ce garçon débarque dans la maison d’en face. Il était plus grand, plus dur, un regard incisif. Un enfant qui avait vécu bien plus de choses que lui dans son cocon. Alex.

Alex était rapidement rentré dans sa vie. Il avait onze ans, il était dans la classe juste au-dessus. Sans comprendre comment ni pourquoi ils étaient devenus inséparables, une évidence. Alex était son évidence. La moitié de ses affaires étaient dans sa chambre pour les nuits où il restait chez les voisins. Au moins trois par semaine. C’était le minimum pour survivre. Elle était belle cette vie à ses côtés, il se croyait même invincible.  Mais ça c’était avant l’annonce de la nouvelle. La nouvelle qui allait bouleverser sa famille. Et lui bien plus encore.

« Tu sais ce que c’est la maladie de Hogkin ? » Bien sûr que non il ne savait pas, l’insouciant Cassandre. Ce n’était encore qu’un gosse. Le médecin avait dit que ce ne serait pas difficile à combattre. Le médecin se trompait. Il ne lui avait pas parlé de toutes ces années de souffrances qui lui donnerait envie de mourir plutôt que de respirer une seconde de plus. Tous les moments importants qu’il allait rater. Les chimiothérapies, les médicaments, les jours entiers de sommeil. Cassandre était tombé en enfer. Mais il y avait Alex, alors tout irait bien. C’était ce qu’il pensait.

Il y avait eu une première rémission. Il l’avait fêté dignement en se goinfrant de milkshake dans la chambre d’Alex. C’était la première fois qu’il l’avait embrassé. Il avait toujours su qu’il aimait les hommes. Il avait toujours su qu’il aimait Alex. C’était une belle histoire. La plus belle à ses yeux. Même s’il n’en parlait pas, leur geste et leur regard ne trompait personne. Leurs amis ne disaient simplement rien. Il la voyait bien cette vie avec lui, jusqu’à la fin. Jusqu’à la rechute.

Et il fallait tout recommencer. Les examens, l’hôpital, les crises de douleur. Cassandre n’avait que seize ans et son cœur s’était déjà arrêté de battre deux fois. « Mourir c’est doux, c’est chaud, c’est comme être bercé tranquillement et s’évanouir loin de la douleur .Par contre la vie, elle, est une souffrance pour laquelle je dois me battre chaque jour dans l’espoir flou d’un avenir incertain. » Il avait hésité à baisser les bras, et il avait croisé son regard. Pour lui. Il le ferait.

Deuxième rémission. Les médecins étaient confiants. Pas Alex. Il était parti. Tout simplement. En disant que c’était trop dur. Qu’il ne supporterait pas l’idée de le perdre. C’était pire que mourir. Comme si son cœur se déchirait dans sa poitrine. Mais il ne l’avait pas retenu. Après son diplôme il avait fui cette ville qui l’avait vu grandir. Survivre. Secrètement, il avait espéré ne plus jamais y revenir. Il aurait aimé oublier tout ce qu’il y avait perdu. C’était injuste pour ses parents, ses amis, et surtout pour sa sœur. « Je t’en supplie, pour moi qui ai hurlé en silence, qui suis tombé si souvent à genoux sans pouvoir me relever. N’oublie pas.» Les bons souvenirs avaient coulés, laissant à la surface les plus mauvais.

Tout quitter pour mieux recommencer. Changer de pays, vivre chez son grand-père dans ce pays qu’il avait si souvent visité. Trouver un travail n’avait pas été simple, mais son grand –père avait quelques connaissances. Cassandre allait bien aujourd’hui. Et cette vie qu’il avait failli perdre, il voulait la vivre entièrement. C’était un nouveau départ. Un droit au bonheur. Avant que ce timer n'apparaisse sur sa peau. Il s'était battu pour sa vie. Il allait devoir continuer.